Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/84

Cette page n’a pas encore été corrigée

La forêt disparait, et le fleuve qui dort,
De ses baisers noircis, mouille l’herbe du bord.
L’heure de Raphaël est passée : oublions,
Oublions tous les arts, la lyre et les crayons.
S’ils veulent se mêler à nos vagues délices,
Sans en fixer les traits, composons nos esquisses.
Craignons, en le chantant, d’effrayer le bonheur ;
Lent à poser son vol mobile eu suborneur,
Il fuit, au moindre mot, nos demeures mortelles :
Souvent un cri de joie a réveillé ses ailes.
Des spectacles pompeux, autour de nous épars,
Sans vouloir les comprendre enivrons nos regards.
Le savant, qui s’exerce à savoir quelle cause
Imbibe de parfums le velours de la rose,
En laisse, inattentif, l’éclat s’évanouir :
Il a, pour l’expliquer, oublié d’en jouir.

Ne nous expliquons rien : mais que tout dans le monde,
Comme un rayon d’amour, dans nos sens se confonde !