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Et reprenant le cours d’un voyage effacé,
On jouit du présent, en faveur du passé.
Heureux qui, dans les champs, peut ainsi, comme un sage,
Du livre de ses jours voir germer chaque page,
Et rattachant sa vie aux buissons du sentier,
Avec ses souvenirs composer son herbier !
Son cœur à la nature en sera plus fidèle :
N’est-ce pas le bonheur que de la trouver belle ?

C’est un bonheur, au moins, toujours vrai, toujours pur.
S’il n’est pas le plus vif, n’est-il pas le plus sûr ?
Ces plaisirs ravissans, dont notre âme s’enivre,
Souvent à mi-chemin, ne veulent plus nous suivre,
Et nous n’en gardons rien, qu’un regret et des pleurs ;
Mais la terre nous reste, elle a toujours des fleurs,
Et si nos yeux charmés ne peuvent plus y lire
Ces suaves concerts, que l’amour y respire,
Nous y lirons toujours des secrets éternels.
Du Dieu qui les fit naître éphémères autels,