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Vont tous, quand nos désirs n’invoquent pas leurs ailes,
Chercher, pour y dormir, ces temples de dentelles.
Sous leurs dômes d’agathe, ou leurs dais de lapis,
Nos songes préférés, tout le jour assoupis,
Ne fuient qu’à son déclin, pour peupler nos courtines,
Leurs trônes chamarrés de l’or des élamines.
Nous ne le savons pas que c’est là leur séjour,
Mais un instinct secret nous y conduit, le jour,
Redemander des nuits la vaporeuse escorte,
Ces plaisirs du sommeil, que le réveil emporte,
Ces songes veloutés, dont les fraîches couleurs
Vont, de nos yeux fermés, égayer les douleurs,
Et le bonheur enfin, qui n’est guère qu’un rêve,
Un rêve commencé, qui rarement s’achève.

Vous donc qui, d’un jour sombre, accusant la langueur,
Voudriez quelquefois abréger sa longueur,
Et reprendre, en veillant, ces nocturnes délices,
Dont un ange, pour vous, arrangea les caprices,