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Mais c’est l’Amour surtout dont l’inquiet silence
En manie avec art la discrète élégance ;
C’est lui, toujours habile à ne jamais trouver
Le mot capricieux, qui pourrait le prouver,
L’Amour, qui, pour fléchir d’insensibles idoles,
Le premier, dans nos champs, sut cueillir des paroles.
Que de lieux, où le cœur a fait, dans un bouquet,
Passer ouvertement la voix qui lui manquait !
Sur les rives du Gange, aux bords du Bendémire,
Sous les bois de rosiers, où s’endort Cachemire,
C’est ainsi qu’on parvient à se tout révéler,
Quand on ne peut s’écrire, ou qu’on n’ose parler.
Tantôt vers la tourelle, où pleure une captive,
Le ramier va porter l’adonide plaintive ;
Tantôt, entre ses mains, qui rêvaient un billet,
Jette, comme un aveu, la pourpre de l’œillet,
Ou, d’une aile attentive, à ses genoux amène,
Les promesses de feu, qu’exhale la verveine.
Il n’est pas une plante, un bouton d’Orient,
Qui ne cache un aveu plaintif, ou suppliant ;