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Quand mon bras, qui s’enlace autour de ta faiblesse,
Tremble, qu’en frissonnant, son appui ne te blesse,
J’attriste ce bienfait : je sens, infortuné !
Toi qui ne conçois pas ce que tu m’as donné,
Qu’un autre aura son tour, et, jouissant de vivre,
Soutiendra, comme moi, le fardeau qui m’enivre.

Hier, car c’est hier, qu’en glissant sur les eaux,
Qui berçaient ta mollesse, en endormant mes maux,
Pour la première fois j’ai vu la rêverie
Incliner sur mon cœur ta tête endolorie,
Hier, je me disais dans mon instinct d’effroi :
Avant qu’elle ne change, ô Dieu, rappelez-moi.
Le front mystérieux, les paupières baissées,
Tu ne me parlais pas : j’entendais tes pensées !
Comme autour d’un vieux saule une chaîne de fleurs,
Elles s’entrelaçaient autour de mes douleurs ;
Tout ce que je craignais, c’est qu’un cri d’hirondelles,
En réveillant les flots, ne fît rouvrir tes ailes,