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N’est-ce donc qu’un hasard qui nous fait rencontrer,
Quand nous voulons sourire, ou nous sentons pleurer,
Des phrases qui sont sœurs, ou des larmes jumelles ?
Oh non ! de votre esprit, les vives étincelles
Sont de mon âme ardente un écho lumineux,
Et nos destins, liés par d’invisibles nœuds,
Tout séparés qu’ils sont, ont l’air de se confondre.
Vous voulez inspirer l’amour sans y répondre,
Et moi, le recevoir, sans vous en affliger :
Si ce n’est pas s’unir, n’est-ce pas partager ?

Plaise à Dieu que jamais, seul chargé du veuvage,
Je ne voie un divorce annuler ce partage !
Mais hélas, j’en ai peur ! Moi, qui n’ai, jusqu’ici,
Jamais vu de soleil, qui ne fût obscurci,
Qui, quelquefois aimé, mais connu de personne,
Ne sais rien du bonheur, que le nom qu’on lui donne,
Qui tourmentant le sort, sans y rien découvrir,
N’ai guère de talent, que celui de souffrir,