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Même avant qu’un hasard, joignant nos deux sentiers,
Du côté de vos champs, entr’ouvrît mes halliers,
J’avais, d’un ciel plus doux prévoyant les approches,
Dans mon sein fataliste étouffé mes reproches.
Comme un homme oublié sur quelque île de mort,
Qui, sentant tout-à-coup un virement du sort,
S’élance sur la rive, et voit, au loin sur l’onde,
Le vaisseau deviné lui rapporter le monde ;
J’ai senti s’avancer l’espoir, que j’attendais.
N’était-ce point vos pas, dites, que j’entendais ?

Quand on n’a pas vingt ans, lorsque plein d’ignorance,
On voit tant de bonheur à travers l’espérance,
On place dans sa vie, on jette sur son cours,
Des êtres fabuleux, qu’on cherche tous les jours.
Quelquefois on les voit, mais on est jeune, on passe,
Et le premier nuage, en glissant, les efface.
Plus tard, quand la souffrance a mûri notre cœur,
Sans qu’il ait, à la vaincre, épuisé sa vigueur,