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Qui, pour mieux l’insulter, y fait rire sa voix.
Le poète outragé devient Roi quelquefois :
Mais seul sur sa hauteur, dont on veut qu’il descende,
Qui partage avec lui le dais qu’on lui marchande ?
Aucune âme terrestre avec lui n’est d’accord,
Il monte au Capitule, escorté par la Mort,
Et là, triste monarque, élu de l’Anathême,
A qui rattache-t-il son pâle diadême ?
Il n’a pas seulement une tombe où prier,
Une tête de cendre où poser son laurier,
Et ce rameau divin, que l’avenir recueille,
Sur son front chauve et froid, dessèche feuille à feuille.
L’amour, pour le poète, est l’arrêt du trépas.
Vous, que j’ai peur de perdre, oh, ne me trompez pas 1
Que si jamais la gloire, attentive à ma lyre,
Balance devant elle une fleur qui m’attire,
Je sache sur quel front, sur quel sein l’attacher ;
Si son parfum vous plaît, j’irai vous la chercher.
Mais ne m’en faites pas la fleur des funérailles :
Mais ne l’envoyez pas sous le vent des batailles,