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Et, de la vie encore affrontant la tempête,
Comme un pavot penché, je relève la tête.

Avant de terminer mes nébuleux concerts,
Je voulais, mon ami, vous dédiant ces vers,
Offrir à l’amitié, qui console de vivre,
Les accens les plus doux dont la lyre s’enivre,
Et guéri par vos soins, je le crois, sans retour,
M’absoudre, en vous aimant, de tous mes chants d’amour.
Et cependant, ami, prêt à quitter la rive
Où gémit si long-temps ma tristesse captive,
Je sens que ces adieux, qui me manquent de foi,
Se détournent de vous, pour vous parler de moi.
J’ai relu froidement cet hymne d’amertume,
Ces vers rougis au feu d’un courroux qui s’allume,
Où la lime a laissé la rouille du poison :
Ils m’ont paru bien durs au jour de la raison.
Est-ce un crime, après tout, si digne de colère,
Que de ne plus aimer ce qui cesse de plaire ?