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Descendre à son niveau me plaindre et me venger ?
Puisque je suis heureux à quoi bon l’outrager !
Qu’elle compte à la fois plus d’amans qu’elle adore,
Que moi dans mon jardin de fleurs qui vont ëclore :
Que m’importe ! et pourquoi, quand je ne sens plus rien,
Percer son cœur d’un dard qui n’est plus dans le mien ?
Pour la blesser d’ailleurs, il faut m’occuper d’elle :
Je n’en ai pas le temps ; la nature est si belle !
Qu’elle soit donc heureuse, et qu’en lisant mes vers,
Si ses yeux de les lire essayaient le travers,
Rien, dans les rendez-vous que sa pudeur tolère,
Ne trouble les plaisirs qu’elle offre, ou qu’elle espère.

Sans doute quelquefois, quand le ciel pluvieux
Relègue à mes foyers mes jours silencieux,
Quand le soleil, caché dans les plis des nuages,
D’un jour gris et plombé ternit mes paysages,
Je pense que ma vie est aussi terne qu’eux ;
J’ai cessé d’être jeune, avant que d’être vieux,