Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/428

Cette page n’a pas encore été corrigée

Est plus vite rompu que ces ponts de dentelle,
Que brise, entre deux fleurs, la légère Cistèle.
Un rien peut m’en distraire, un brin d’herbe, un oiseau,
Le lac improvisé de quelques gouttes d’eau,
Où tombe une fourmi, qui se sauve à la nage :
Et je songe bien plus au vol de ce nuage,
Qui change, à chaque instant, de forme et de contours,
Qu’à tous les changemens des plus longues amours.
Dieu, quand on a souffert que la nature est belle !
Qu’il fait bon d’être loin de ce monde infidèle,
De ne plus rien sentir qu’un repos désarmé,
Et d’aimer tant les champs, que l’on s’en croie aimé !

Le soir même, à cette heure où, sur soi ramenée,
L’âme, en un centre étroit, se trouve confinée,
Et des travaux du jour cherche à se délasser :
Où, lorsque l’on est seul, on se met à penser,
A tirer de l’oubli l’histoire de ses peines,
A. remâcher l’ennui des misères humaines,