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Bonze hébété d’un Dieu qu’on prie avec du sang,
Quand chacun nous a vu, reptile obéissant,
Pour nous faire écraser, ramper sous son image,
Se laisser croire encor sali du même hommage ?
Quoi, nous aurons semé nos chants sur son autel,
Et lorsque notre encens, le traitant d’immortel,
Survit, pour lui du moins, à nos lâches supplices,
Nous n’aurons pas un vers, pour démasquer ses vices !
Il ne sortira pas un vers de nos débris,
Qui rive sur son cou le carcan du mépris :
Et nous n’oserons pas, d’un mot expiatoire,
En sortant de la croix, y clouer sa mémoire !
Ces générosités vont mal à mes lambeaux,
Je ne suis pas de ceux qui baisent leurs bourreaux. N
A peine retiré d’un cloaque de larmes,
Celle qui m’y plongea pourrait narguer mes armes !
Ma haine s’entend mal à la traiter si bien,
Et j’ai bu trop de fiel, pour épargner le mien.
Quand, absent si long-temps de l’honneur de soi-même,
Du nom, qu’on abdiquait, on se rend le baptême,