Il faut pourtant ici, le pied sur mon naufrage,
A tant de cris d’amour ajouter une page :
Ce funeste recueil n’est point encor complet.
Si, l’ayant parcouru jusqu’au dernier feuillet,
On m’y voyait rester sur leseuil de la guerre,
Ceux, que le même ennui dégoûte de la terre,
Croiraient que, succombant au fardeau de son deuil,
On traîne le boulet jusqu’au pied du cercueil,
Que notre front courbé jamais ne se redresse,
Qu’on a beau, fatiguant son ignoble détresse,
Secouer sa misère au milieu des combats,
La coucher dans la boue, en blouse de soldats,
Il n’en faudra pas moins, esclave d’une femme,
Lui rapporter des camps les haillons de son âme.
Erreur ! ces vils tourmens ne brûlent pas toujours :
L’escare du chagrin tombe enfin de nos jours ;
On reprend son niveau, son viril équilibre,
Et si l’on part esclave, on peut revenir libre.
Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/416
Cette page n’a pas encore été corrigée