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J’ai déjà trop maudit ma flasque humilité,
Ma souplesse à traduire, en sensibilité,
Des grimaces du cœur l’infâme afféterie.
Tu te souviens du jour où toute la patrie,
Se gonflant sous les fers de la captivité,
Déborda noblement contre la royauté ?
C’était ma cause à moi, fils de la République,
Dont ma bouche a sucé le lait démocratique :
Je devais, à mon rang, combattre en citoyen !
Captif efféminé, je n’y vis qu’un moyen
De rompre, un jour plus tôt, mon fatal esclavage.
Je n’eus pas même, hélas ! ce malheureux courage.
J’allai bien dans Paris voir comment on mourait :
Mais je revins ; je crus ce qu’elle m’assurait,
Et crédule à ses pleurs, je promis d’être lâche,
Et de ne point aider le peuple dans sa tâche,
D’écouter la bataille, au lieu de m’y mêler.
Enfant, qui n’ai pu voir quelques larmes couler,
Qui n’ai point aperçu, derrière leur caprice,
Qu’elle ne voulait pas perdre de mon supplice !