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Je crois souvent aussi que je serais heureux,
Si j’avais pu long-temps étaler sous ses yeux
Tout ce que j’ai de fiel et de venin sur l’âme,
Et piler d’un pied d’homme un lâche orgueil de femme.
Oui, je voudrais souvent, me remparant de moi,
Aller, pour la trahir, redemander sa foi,
Murmurer à ses pieds un hommage si tendre,
Que l’infidélité s’enivrât de l’entendre,
Retrouver mon amour, ma voix pour l’admirer,
Forcer son inconstance au tourment d’adorer,
Et quand je la verrais palpitante de larmes,
Plus belle de m’aimer encor que de ses charmes,
Je voudrais tout-à-coup, et dédain par dédain,
Lui rendre le poison que m’a versé sa main.
Je voudrais, l’écrasant de mon indifférence,
Lui donner, d’une fois, mes dix ans de souffrance,
Lui faire traverser tout le champ du mépris,
Lui montrer, un par un, ses mensonges écrits,