Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/404

Cette page n’a pas encore été corrigée


Que te dirai-je, ami ! pourquoi te retracer
Par combien d’avanie elle m’a fait passer,
Comment, à mon amour mesurant mes misères,
Elle m’a fait payer ses faveurs passagères,
Et comment, un par un, sans le moindre remords,
Elle a brisé les nœuds qui liaient nos deux sorts !
On ne m’aima jamais que par reconnaissance,
Moi, grand Dieu ! qui vivais de sa seule présence,
Moi, qui sous ses regards, par ses yeux oublié,
Aurais voulu mourir pour un mot de pitié,
Qui n’ai pas, même encor, de pensée ou de rêve,
Que son nom ne commence, et que son nom n’achève.
Je ne lui manquais pas, moi j’attendais toujours.
Des mots jaloux, parfois, tremblaient dans mes discours,
Et quand je me mourais, quand j’étouffais de larmes,
Elle d’un froid sourire agaçait mes alarmes,
Ou vantait son repos devant mon désespoir :
Ses yeux insoucians ne daignaient pas le voir.