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De sa fleur trop tôt veuve humecter la corolle ;
Elle attend peu, d’ailleurs, l’ange qui la console :
Un rayon de soleil dessèche son trésor,
Une aheille qui passe, un papillon encor
Fait tomber sa richesse… et la voilà flétrie.
De mes félicités rêveuse allégorie,
Voilà toute l’histoire, hélas ! de mon bonheur.
Un souffle m’a ravi ma moisson de glaneur :
Et je l’avais prévu ! Souvent, dans mon ivresse,
Une ombre d’avenir traversait ma tendresse :
Et quand mon front pensif s’abritait près du sien,
Son cœur restait muet aux batlemens du mien.

Jusque dans mes beaux jours, si rares, si rapides,
J’ai senti du poison germer les dards perfides.
Jamais à son esprit, inconstant et rieur,
Je n’ai, sans la doubler, confié ma frayeur.
Elle a vu mille fois ses vaniteux caprices
De mon amour blessé rouvrir les cicatrices,