Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/400

Cette page n’a pas encore été corrigée

Quand je me nourrissais de leur miel étranger,
Un convive avec moi venait le partager :
Maintenant je suis seul ; l’heure, d’un vol aride,
Tourne, sans rien changer, dans ma retraite vide :
Et chaque instant du jour semble prendre une voix,
Une voix sans pitié, qui me crie : Autrefois !
Autrefois si légère, aujourd’hui si cruelle,
Chaque heure m’a vu vivre avec elle et pour elle :
Hélas ! je ne vis plus à présent que pour moi ;
Elle a flétri la terre en me manquant de foi.

Si tu savais, ami, combien elle était belle,
Combien j’étais heureux de la croire fidèle !
La gloire lui plaisait, et de ses yeux sacrés,
Mes vers, comme un regard, descendaient inspirés.
A force de la voir, et de l’aimer sans cesse,
J’avais presque fini par croire à sa tendresse.
Et qui ne se fût pas abusé comme moi,
A voir ses yeux émus s’ennuager d’effroi,