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Comme cet exilé, qui, de l’Occitanie
Transporté par l’orage aux champs de Laponie,
Où des nuits de six mois obscurcissent les cieux,
Toujours à l’Orient attacherait les yeux,
Et sans croire à l’aurore attendrait la lumière.
C’est ainsi que je meurs, exilé de ma sphère,
Cherchant l’enthousiasme au fond d’un souvenir,
Attendant mon soleil… qui ne doit pas venir.

Ne pense pas, ami, qu’ambitieux de larmes,
Je songe à retourner à ma chaîne d’alarmes.
L’amour ! je n’aime plus, le feu s’est consumé ;
Mais je me souviens trop d’avoir beaucoup aimé.
Oui, je me souviens trop, farouche et solitaire,
D’avoir chéri le jour, d’avoir chéri la terre,
D’avoir béni la vie, autant que je la hais ;
J’étais jeune et poète alors, et je chantais.
Aujourd’hui je suis vieux, inhabile à l’étude :
L’oisiveté morose accroît ma solitude.