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Et combien j’ai juré, sans me croire un seul jour,
De jeter à l’oubli le néant de l’amour !
L’attachement me reste, et mon serment s’efface.
Impossible aujourd’hui de reprendre ma place.
Une fois enlacé dans les nœuds du chagrin,
Qui pourrait arracher le monstre de son sein !
Tu me l’as dit toi-même, en peignant mon supplice,
Il faut, en pleine force, arrêté dans la lice,
Comme un vaisseau surpris par le poulpe du nord,
Sous ce fardeau vivant plier jusqu’à la mort.
L’hydre, au fond de ses mers, où le géant chavire,
Dans ses bras limoneux emporte le navire ;
Et nous, quand le chagrin s’est mis à nous serrer,
Du vivace ennemi rien ne peut nous tirer :
Il faut, avec le monstre, impuissante victime,
Se tordre empoisonne jusqu’au bord de l’abîme,
Et s’y perdre. Comment, tout noyé de ses pleurs,
Pourrait-on surnager au-dessus des douleurs !
Comment songer encore au but que l’on s’ordonne,
Quand d’un réseau d’écueils le sort vous environne,