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Ai-je, à ma solitude avidement parjure,
Cru dans vous seule, hélas ! retrouver la nature ?
J’étais tranquille au moins, si je n’étais heureux.
Je jouissais des champs, sans rien exiger d’eux,
Et sans vouloir de vous exiger davantage,
Je sens que d’autres vœux ont changé mon langage.
Je sens que, malgré moi, je m’enlace à vos jours :
Séparez des fuseaux, qui se mêlent toujours ;
Je ne veux pas ternir votre éclat de mon ombre.
De ceux qui m’ont trompé n’augmentez pas le nombre :
Je sens que je vous aime, et que vous n’aimez pas ;
D’un dédale d’orage, ô préservez mes pas !
Ne brisez pas mon âme, après l’avoir ravie,
Pour la voiler de pleurs ne gardez pas ma vie.
Peut-être est-il encor possible d’oublier :
Ordonne-moi de fuir, pour que j’ose essayer.
D’un supplice de plus que t’importe l’hommage !
Sans m’ôter mon amour, donne-moi du courage,
Dis-moi de retourner dans mes anciens déserts ;
J’irai de mes forêts ranimant les concerts,