Non, le sommeil encor, prolongé dans le cœur,
Jette sur la pensée un brouillard de langueur,
Et la balance encore, au-dessus de la terre,
Dans les plis nuageux d’un voile de mystère.
Vous avez quelquefois, quand des songes fleuris
La pirogue de gaze a bercé vos esprits,
Senti, durant le jour, leur influence obscure,
D’un reflet d’allégresse égayer la nature :
Moi, je sens à mon tour l’ivresse de mes nuits,
En émoussant mon âme, étourdir mes ennuis.
Je laisse loin de moi ces feuilles consternées,
Où dorment les secrets de mes tristes années,
Et d’un livre adoptif empruntant les secours,
De mes yeux indolens j’en parcours les détours.
Si mes pleurs autrefois en ont marqué les pages,
Chaque mot aujourd’hui soulève des images,
Qui parlent du passé, sans flétrir le présent.
D’un calme savoureux le bandeau complaisant,
Sans voiler la douleur, en distrait l’amertume,
Et de ce baume adroit, qu’un peu d’oubli parfume,
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