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De mon ciel d’autrefois j’ai retrouvé les plaines,
Je m’y souviens de tout, excepté de mes peines :
Sans les voir se faner, j’y vois s’épanouir
Le fantôme des fleurs que j’espérais cueillir,
Et j’entends, dans mon cœur, comme une harpe intime
Vibrer au souffle errant de quelque ange sublime.
Tous mes sens sont mêlés, comme ces fils soyeux. Qu’entrelace en flocons le ver industrieux, Tous mêlés pour jouir, tous, quand on les appelle, Se prêtant à la fois leur force fraternelle. Du ciel de mon sommeil l’aurore, sur mes yeux, Verse de ses rayons l’éclat mélodieux : J’entends briller les fleurs : je vois, quand je respire, Etinceler dans l’air les parfums que j’aspire, Et du chant des oiseaux les soupirs enflammés Semblent, à mon oreille, arriver embaumés. Puis toutes ces vapeurs, ces délices sans nombre, Se confondent enfin pour ne faire qu’une ombre, Et je la reconnais : c’est l’être idolâtré, Qu’avant de l’avoir vu mes vers ont adoré ;