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Le duvet, sous mon corps, se changeait en.bûcher :
Nulle angoisse à présent n’y vient m’effaroucher.
Comme un nageur porté sur des ondes qui glissent,
Sous mes tapis fuyans mes membres s’amollissent,
Et tout semble autour d’eux, de peur de les blesser,
S’arrondir de langueur, se fondre ou s’émousser.
On dirait qu’à la voile un vaisseau de nuage
Nous emmène, avec lui, dans son flottant voyage,
Contempler de plus près ces cotonneux déserts,
Paysages de brume, esquissés dans les airs,
Qui roulent au couchant leur sol de mosaïques,
Et de leurs bouquets d’or les grappes fantastiques.
Comme l’aéronaute, égaré dans les cieux,
On a beau voyager, notre barque ou nos yeux
Ne rencontrent jamais que d’impalpables îles,
Dont les écueils ailés fuient comme des nautiles.

Moins étonné qu’heureux d’exister sans gémir,
Je ne dors, je veille en me sentant dormir,