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Empruntant au sommeil un vol inattendu,
Remonte vers le ciel, dont j’étais descendu.

Ce n’est plus aujourd’hui ce séjour d’espérance,
Qui devant la jeunesse étend sa transparence,
Capricieux Eden, encore inhabité,
Où le vrai s’entremêle à l’idéalité,
Et qui ne réfléchit souvent, dans ses peintures,
Que les traits incertains des délices futures :
Ici le fantastique a les traits du réel.
Ce n’est plus l’avenir qui fait les frais du ciel,
Et déroule aux regards son chatoyant mensonge :
C’est, au lieu de l’espoir, la mémoire qui songe.
Il semble que l’esprit, pur et prestigieux,
Pénètre dans ce monde, où n’entrent que les yeux,
Qu’étale des miroirs la mouvante férie :
Au lieu de la subir, on assiste à sa vie.
Comme notre œil aidé du cristal souverain,
Qui fait à l’invisible atteindre l’œil humain,