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A moitié de sa course a trouvé le naufrage.
Mon paradis d’espoir a sombré dans l’orage,
Plus vite qu’on ne voit le soleil matinal
Submerger ces bouquets de tulle et de cristal,
Dont le givre des nuits a jaspé nos vitrages :
Un seul rayon du jour disperse mille images.
Qu’elle est frêle, mon Dieu, cette félicité,
Dont nous entoure un songe inexpérimenté !
Moins léger dans son vol est l’ardent météore,
Qui sur la brise errante en jouant s’évapore,
Et plus durable aussi ce trésor vacillant,
Qui se suspend en bulle au roseau d’un enfant.
Sur l’émail savonneux de la sphère qui tremble,
Un abrégé du monde en cercle se rassemble ;
Comme sous l’arc-en-ciel et sa nacre de pleurs,
Tout y paraît moiré des célestes couleurs ;
C’est un globe enchanté, c’est une autre nature,
Dont un souffle arrondit l’humide architecture,
Et prêt à le détruire, un souffle, dans les airs,
Emporte, à peine éclos, l’imprenable univers.