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Vous ne supposez pas qu’un homme, qui vous aime,
Puisse marcher long-temps, sans reprendre le même ;
Votre seuil cependant a vu ses derniers pas.
Adieu, de cet adieu dont on ne revient pas,
Et s’il reste une vie encore après la nôtre,
Adieu, dès maintenant, pour ce monde et pour l’autre :
Je crois que c’est assez et trop d’un pour souffrir.
S’il fallait vous revoir, penserais-je à mourir ?
Non, je ne veux de vous dans aucune existence.
Aussi bien que l’amour, la haine a sa constance,
Et si l’on n’y hait pas, je ne veux pas du ciel.
Qu’il garde les trésors de sa coupe de miel,
S’il faut qu’un jour votre ombre avec moi la partage !
Mourir, pour retrouver votre éternelle image !
Non, j’aime mieux l’enfer que votre paradis :
Les lieux où vous serez seront mes lieux maudits.
Ma mémoire implacable est mon dernier courage.
Trouvez, si vous pouvez, pour en flétrir l’hommage,
Quelque autre cœur loyal, et chaud comme le mien ;
Usez votre existence à vous perdre pour rien,