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Son horloge de plomb retarde d’heure en heure.
Si court dans nos plaisirs, qu’il est long quand on pleure !
Dans quel livre inconnu, pourrais-je enseveli,
Si ce n’est le bonheur, aller chercher l’oubli ?
L’oubli ! les cœurs heureux peuvent peut-être y croire,
Mais les infortunés ont tous de la mémoire.
Pour peu qu’on ait vécu, méditer c’est souffrir !
Le ciel, prompt à frapper et lent à secourir,
N’a pas de talisman, pour tempérer l’absence.
Des sciences naguère évoquant la puissance,
J’espérais conjurer le sort par mon savoir ;
Mais sous mon front aride il n’entre plus d’espoir,
Et, froides comme lui, les sciences glacées
Semblent, comme un grain mort, y jeter leurs pensées.
Il peut pousser de l’herbe au sentier du travail,
Je n’irai plus y voir, comme un épouvantail,
Sur ses arbres sans fruits flotter ma servitude.
Pour savoir que je souffre, ai-je besoin d’étude !