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Je devrais le verser, au moins pour la tarir :
Mais on en jouirait, j’aime encor mieux souffrir.
Puis d’ailleurs, qui le sait, si la mort, que j’envie,
Ne tient pas sa promesse aussi mal que la vie !
Et si j’étais jaloux dans le fond du tombeau’.
S’il fallait, poursuivi par le même fardeau,
Traînant, de ciel en ciel, mes larmes vagabondes,
De trépas en trépas remonter tous les mondes !
Lâche et fou que je suis ! ce n’est pas là l’effroi,
Qui m’attèle aux tourmens que je tire après moi ;
Je crois trop que la mort annule tout un être,
Et que l’homme, qui meurt, n’achève pas de naître.
C’est par hébétement que je n’ose guérir,
Et que las d’exister, je résiste à mourir.
Vivre pour la pleurer, c’est lui rester fidèle,
C’est aspirer encore à me rapprocher d’elle,
C’est encor de l’amour et presque de l’espoir :
Mourir, c’est la quitter pour ne plus la revoir !
Où donc chercher asile, où trouver une pierre,
Pour asseoir son malheur, si l’on fuit la dernière ?