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Je ne cherche jamais un mot pour l’exprimer :
Mais quand j’entends des eaux le murmure écumer,
Quand je vois l’hirondelle, au-dessus de ma tête,
A moi, comme au printemps, jeter son cri de fête,
Ou raser, comme un lac, l’onde des blés nouveaux,
L’arbre incliner vers moi son salut de rameaux,
Et d’un nuage ailé la brumeuse gondole
Porter tout Ossian sur sa poupe qui vole,
Je crois au fond du cœur, j’imagine du moins,
Que de tous mes secrets mystérieux témoins,
Les arbres, les ruisseaux, les gazons, l’hirondelle,
Reconnaissent en moi leur courtisan fidèle,
Et dans leur langue à part, que je voudrais savoir,
Se parlent du bonheur, que j’éprouve à les voir.
Tout semble, autour de moi, s’aimantant de ma flamme,
Graviter vers ma vie, et compléter mon âme.

Le monde est un cercueil, où les morts font du bruit,
La solitude, un temple, où le silence instruit.