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Qui n’a pas rendu grâce au voile de langueur
Que les sons d’une lyre étendent sur le cœur !
Comme un ange imprévu, qui nous prend dans ses ailes,
Et traçant jusqu’à Dieu son sillon d’étincelles,
Dans son berceau d’azur nous transporte enivrés,
L’art divin du poète et ses chants inspirés
Nous soulèvent du monde, et loin de sa poussière,
Nous mènent dans les cieux respirer la lumière.
Nous prêtant tout-à-coup ces radieux secours,
Qui du sang convulsif assoupissent le cours,
La poésie alors, reine de la tempête,
Eclaira d’un rayon notre obscure retraite,
Et, comme un talisman, fit tomber dans mes mains
Un des plus nobles dons qu’elle ait fait aux humains.
C’était Guillaume Tell, mâle et rude épopée,
La plus belle peut-être à Schiller échappée.
— Ne songeons plus à nous, m’écriai-je- : écoutez,
Écoutez, près des monts que Schiller a chantés,
Quelques pages d’un drame aussi haut que leurs cimes.
L’orgue de l’ouragan, grinçant dans les abîmes,