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Peut-être tant d’amour vaut-il une vertu !
Et ce fut là le mien, mais t’en souviendras-tu ?

Hélas ! quel est l’amour, lorsque l’amant succombe,
Qui puisse soulever la dalle de sa tombe !
Tout de lui s’éteint là : le souffle des vivans,
En passant sur les morts, jette leur poudre aux vents.
On pourra donc t’aimer, et te le dire encore,
Quand je ne serai plus qu’un mot vide et sonore !
S’il est vrai cependant que j’emporte, avec moi,
Un secret d’adorer, que je n’ai dit qu’à toi,
Qu’on ne peut pas deux fois, dans une âme mortelle,
Trouver le feu sacré dont la mienne étincelle ;
Avant de t’engager consulte encor mon nom,
Et de ces vers mourans qu’il s’échappe un rayon,
Pour éclairer tes pas sans affliger ta route,
Ou pour te pardonner l’oubli que je redoute !
Imprime à mes adieux, en les lisant tout bas,
Ces tremblemens du cœur que tu n’entendras pas,