C’est, quand le printemps fuit, qu’on songe à le décrire !
Sa guirlande qui meurt revit sur notre lyre :
On se souvient des fleurs, pour parer ses concerts,
Et les bouquets fanés embaument seuls nos vers.
Oui, ce n’est qu’en pleurant, que l’on devient poëte !
On ne chante jamais que les dons qu’on regrette :
On recompose ainsi tout son écrin d’amour ;
Que j’ai peur, Maria, de vous chanter un jour !
Cet effroi, né du monde, isolé, je l’oublie ;
La retraite sauveuse à l’espoir nous rallie.
Maria, j’y veux vivre à l’abri des humains,
Et ne plus voir que vous passer sur mes chemins.
Que ne puis-je, entraînant, dans ma libre carrière,
Votre âme qui s’obstine à rester prisonnière,
Vous apprendre à n’aimer que ce qu’on doit chérir,
Arracher votre orgueil au soin de conquérir
De misérables cœurs, qui valent… ce qu’ils donnent,
Et loin des faux trésors, dont vos yeux s’environnent,
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