Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/297

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mon haleine idolâtre, et mon souffle hardi,
Couvaient de tes pieds nus l’albâtre refroidi ?
Où fuir le souvenir de ces nuits adorées ?
Quand, de ce globe étroit épuisant les contrées,
J’y traînerais la rage et l’ennui de mes pas,
Où rencontrer des jours qui ne finissent pas !
Quelle heure peut sonner dans mes ténèbres vides,
Qui n’éveille un baiser sur mes lèvres avides,
Une larme, un bonheur, un regret éperdu !
Quelle heure peut sonner, qui ne dise : Perdu !

Oh ! oui, je dois partir, je dois changer de monde,
Je suis las d’habiter une terre inféconde,
Où le jour pluvieux, noyant pour moi les fleurs,
Semble de l’arc-en-ciel effrayer les couleurs.
Je brûlerais ton air d’une haleine fiévreuse :
Je suis né pour t’aimer, non pour te rendre heureuse.
Tu dis vrai, Maria, je dois changer de lieux ;
Mais tendre encor ma voile aux caprices des cieux,