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Il n’est plus ni déserts, ni vallons, ni forêts,
Qui n’offrent à mes pleurs un essaim de regrets.
Quand j’irais, attaquant le front des Cordilières,
De leurs glaciers béants franchir les fondrières,
Disputer au condor les créneaux sourcilleux,
Que le vaste Jmaûs enfonce dans les cieux,
Poursuivre dans l’abîme, où s’engouffre leur vase,
Les torrens convulsifs que vomit le Caucase,
Dis, crois-tu qu’absorbé dans ce sublime effroi,
J’oublierais la montagne où je veillais sur toi.
Où je te défendais contre les précipices,.
Où tu m’as vu, perdu dans de vagues délices,
Remercier du cœur les pâtres d’alentour,
Qui te donnaient mon nom, en voyant mou amour ?
Ce rêve sans écho tremble encor dans mon âme.
Où cueillir de l’oubli le nébuleux dictame ?
Nulle part ; le bonheur n’est pas là plus qu’ici,
On le trouve partout et le malheur aussi.