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A moi, dont l’existence émane de tes yeux,
D’aller, pour me guérir, visiter d’autres lieux !
Dis-moi donc sur quels bords le cœur perd la mémoire,
Sous quel astre on ne croit que ce que l’on veut croire,
Sous quel tropique heureux l’amour n’est point amer.
Vain rêve, hélas ! écrit dans le vide de l’air.
Le chagrin suit partout celui qui s’y dérobe,
Et d’un ennui vivace ensemence le globe.

Partir ! dans quel pays aller porter mes pas ?
Sur quel ciel inconnu ne te verrais-je pas ?
Des merveilles du monde abrégeant la lecture,
N’ai-je pas sous tes yeux resserré la nature,
Et toutes ses beautés n’ont-elles pas, pour moi,
Conservé, Maria, quelque chose de toi ?
Partout de leurs reflets argentant ton image,
Les lacs me rediront notre flottant voyage,
Et je verrai ton voile autour de moi rouler
Dans l’écharpe des eaux que le vent fait trembler.