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Quel vide m’a creusé son incurable absence !
C’est en vain qu’hiverné dans ma froide existence,
Comme un Dieu qui répond, je m’exerce à fléchir
L’art d’embellir l’écueil, qu’on ne peut pas franchir" :
La poésie, hélas ! à son tour m’abandonne,
Et l’ange ingrat des vers, effeuillant sa couronne,
Ne mouille plus mon luth d’un baume assoupissant ;
L’extase inspiratrice a déserté mon sang.— : .
C’était toi, Maria, toi qui la faisais naître.
Sitôt que ta beauté venait à m’apparaître,
Le talent se glissait dans mon cœur radieux,
Et j’écrivais les chants qui brillaient dans tes yeux.
Je les voyais trembler aux cils de tes paupières,
Suspendre à tes cheveux leurs notes familières ;
C’est toi dont le sourire éveillait leur essor,
Toi, qui les colorais, en souriant encor.
Mes larmes sur ma lyre expiraient cadencées
Il me reste des pleurs, mais où sont mes pensées ?