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Que le ruisseau glacé recommence à courir,
L’abeille à voltiger, l’églantine à s’ouvrir,
Que l’oiseau, retrouvant ses palais de feuillages,
Comme un bouquet qui vole, anime les ombrages,
Et l’éclair endormi renaîtra dans mes yeux ;
Mon front sera serein, mon cœur sera joyeux,
Et de mes vers captifs la source qui sommeille,
Va comme le ruisseau, l’églantine ou l’abeille,
Bondir et murmurer, voleter et fleurir.
Qui pourrait s’égayer, quand tout semble périr,
Quand veuve du soleil, dont l’éclat la fait vivre,
La nature se meurt sous son manteau de givre !
Attendez que la terre ait cessé de pleurer,
Je chanterai peut-être au lieu de soupirer.
Tout est sombre à présent : voilà pourquoi ma lyre,
Pourquoi mon aise est triste, et ne sait pas sourire.

Le printemps maintenant rajeunit nos buissons,
Le torrent ne dort plus sous le joug des glaçons,