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Esclave du trépas, avant que d’y descendre,
Qu’on lit bien sur ton front la fatigue d’attendre !
Et que le temps pour toi se traîne avec lenteur !
Tu seras bientôt libre, intrépide lutteur,
Bientôt. Déjà ta joue est creuse et décharnée,
Ta lèvre blanche et morne, et ta tête inclinée
Semble chercher à terre, où tu reposeras.
Encor quelques efforts, et puis tu dormiras :
Courage ! Va ravir, quand tu le peux encore,
La perle opalisée où se mire l’aurore.
Travaille, épuise-toi, ton salaire est certain,
Ta gloire aussi. Peut-être en un joyeux festin,
Quelque noble sauteuse, au sortir du théâtre,
Fera de ton trésor ce qu’en fit Cléopâtre.

Non, l’avarice humaine aujourd’hui compte mieux,
On ne s’invente plus de vins si précieux.