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Non, Maria, l’amour, tel que je l’interprète,
Ne peut pas s’éclipser dans le cœur du poète :
Tant qu’un nouveau déluge, ameutant ses fléaux,
Ne reconstruira pas le cercueil du chaos,
L’amour que tout nourrit, l’amour que tout augmente,
S’abreuvera partout d’un suc qui l’alimente.
Tout lui parle, il comprend cette algèbre de feux,
Dont les signes lactés se combinent entre eux,
Et blasonnent du ciel l’interminable page :
Pour lui seul ici-bas l’inconnu s’en dégage.
Comme un mot de sa langue il traduit l’ouragan.
Il rattache sa vie au foyer du volcan,
Dont les bonds convulsifs font trébucher la terre.
Aigle désordonné, qui porte le tonnerre,
Il traverse, à plein vol, les tempêtes du cœur,
Ou, comme le ramier, palpitant de langueur,
L’œil mouillé de désirs et noyé de tendresses,
Sous les ailes, qu’il aime, il cache ses caresses.