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Et flottant au hasard, comme un vaisseau vivant,
L’homme, d’un pôle à l’autre emporté par le vent,
Sombre dans l’infini que son orgueil explore,
En jetant à l’abîme un cri qui s’évapore.

Des merveilles du monde épris dans ta beauté,
L’hymne de grâce en vain, sur mon luth arrêté,
Veut en fléchir le bronze hypocondre et rebelle,
Sous tes traits, Maria, la nature est trop belle.
C’est en vain, sous tes yeux, que je veux te chanter,
J’ai besoin de te fuir, pour te représenter,
De chercher dans l’absence un voile qui rassure ;
Il faut, en te quittant, diviser la nature.
Je cours, dans nos vallons bondissant au hasard,
Aux éclairs du midi demander ton regard,
Voir, dans cet arc qui vole en flammes nuancées,
La zone prismatique, où tournent tes pensées.
Sur les plis du nuage, errant à l’horizon,
Je dessine des yeux mes sermens et ton nom,