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Ne peux-tu, Maria, toi qui forces d’aimer,
Inventer, pour l’amour, le don de s’exprimer,
Une parole ardente et visible, un langage,
Où chaque son, passant appuyé d’une image,
Frappe d’un même coup les cinq cordes des sens !
Fais-moi jaillir du cœur ces magiques accens :
Je ne puis exister, si je ne me révèle.
Suspends à tes baisers cette langue nouvelle,
Que je puisse, en mourant, la parler une fois,
Presser dans une note au clavier de ma voix,
Tout ce que la nature a de grâce et d’ivresse,
Et jeter aux humains, comme un cri d’allégresse,
Ce défi de bonheur, d’espérance et de foi :
Voilà comme je l’aime ! aimez-vous comme moi ?

Non, personne jamais n’aima comme je t’aime.
Jamais d’autant de pleurs le venimeux baptême
N’a, d’un si fol amour, sacré la déraison :
Nul, des fièvres du cœur distillant le poison,