Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/23

Cette page n’a pas encore été corrigée

De tout ce qui nous blesse épurant notre histoire,
Excepté pour ses maux, tout le cœur est mémoire :
Et lorsque nous berçant dans de vagues brouillards,
Un sommeil transparent assoupit nos regards,
Nos rêves les plus doux ne sont pas des mensonges,
Ce sont nos souvenirs, qui deviennent nos songes.
Les brumes du lointain émoussant les douleurs,
On sourit quelquefois de ses anciens malheurs :
Le ciel fait reparaître à notre âme ravie,
Ces éclairs de bonheur, qui traversent la vie,
Et s’éteignent plus vite, hélas ! que nos regrets.
Le jour nous privera de leurs derniers reflets,
Mais nous aurons deux fois vu passer leur mirage :
Bénissons donc la nuit qui, sur nos mers d’orage,
Rallume les fanaux qu’emportait leur reflux,
Et fait croire un instant à des biens qu’on n’a plus.

La nuit, sœur des adieux, parle aussi d’espérance.
Qui n’a pas quelquefois, libre de sa souffrance,