Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/225

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et, courant au-devant de sa sainte conquête,
Le cercueil nuptial s’ouvre à son chant de fête.

« Attends-moi, lui dit-il, Juliette, attends-moi ;
» Je commence à mourir pour revivre avec toi !
» Ombre adorable et pure, attends-moi, Juliette :
» Je te suis ! Dans le ciel, où ton cœur me regrette,
» Tu n’auras pas long-temps appelé Roméo :
» Je me meurs ! Oui, déjà l’air béni du tombeau,
» Comme un souffle du ciel, voltige sur ma tête :
» Viens reprendre mon âme au monde qui l’arrête ;
» Reçois-moi la première au seuil du Paradis ;
» N’entrons pas divisés sous l’or de ses parvis.
» Oh ! viens, que ta présence, invisible et sacrée,
» Presse en moi de la mort la lenteur égarée !
» Te voilà… je le sens… le poison t’obéit…
» Il ne me trahit pas… Mon front s’appesantit :
» Mon sang, ivre de froid, en frissons s’évapore ;
» Pose-toi sur mon cœur pendant qu’il bat encore ;