Et nos sanglans adieux ont le cri de la haine ;
Mais lui… quand il la brise, il aime encor sa chaîne.
A notre humble séjour qu’a-t-il à reprocher ?
Le ciel, en lui rendant celle qu’il va chercher,
Fera-t-il plus pour lui que n’avait fait la terre ?
N’a-t-il pas dès ce monde, essayant d’une autre ère,
Touché, par le bonheur, à la Divinité,
Et dépassé l’espoir par la félicité !
Dans les bras de l’amour traversant l’existence,
Lui, qui n’a jamais vu se ternir d’inconstance
Le cristal azuré de son jeune horizon,
Pourrait-il, en partant, flétrir, sans trahison,
La patrie où son âme apprit l’heur d’être aimée,
Et qui de sa maîtresse est encore embaumée ?
Non, l’amour partagé, c’est notre premier ciel :
Si la mort, qui l’éteint, le rallume immortel,
C’est donc moins son sommeil que son but qu’il envie :
La mort n’est qu’un chemin qui ramène à la vie.
C’est un hymen de plus, qu’il n’avait pas compté,
Que va sur son autel serrer l’éternité,
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