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Ici, comme un ruisseau de phosphore argenté,
Etendre sous nos pas un tapis de clarté,
Là, verser, en glissant sur l’herbe printanière,
Des bouquets, dont nos yeux cueillent seuls la lumière ?
Quel génie, échappé des rêves d’Orient,
Plein de son paradis, nous le jette en riant !
Avouez, Maria, que si la solitude
Ne répond pas toujours à notre lassitude,
C’est au moins, quand on marche au vent chaud des revers,
Une oasis du ciel, qui croît dans nos déserts.

Oh ! parcourons long-temps ce magique Elysée,
Où tout est si discret, qu’on entend la rosée,
Sur la tête des fleurs, qui bordent le sentier,
De ses perles du soir effiler le collier.
Qu’on est bien, n’est-ce pas, quand on est loin du monde :
Et que de son repos, la nuit, qui nous inonde,
Sait bien, de l’avenir entr’ouvrant le rideau,
D’un passé, qui nous pèse, alléger le fardeau !