Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/210

Cette page n’a pas encore été corrigée

Que je ferme, oublié dans un honteux sommeil,
Ce vol dont la patrie était près du soleil !

On a beau lacérer ses titres de naissance,
Pour excuser ses fers, dénigrer sa puissance,
Quiconque fut créé pour de nobles transports,
Sent au cœur des regrets qui touchent au remords.
Apostat de soi-même, on se ment sans se croire :
Sans pouvoir l’enlaidir, on outrage la gloire.
Alors on se promet de ne plus s’abjurer,
De braver la fortune, au lieu d’en murmurer,
Et d’un vaisseau qui dort sous sa maligne étoile,
Vers l’astre des grands noms on fait tourner la voile :
Trop tard ! Le gouvernail, dans le sable engravé,
Trompe, en lui résistant, le pilote énervé.
Navigateur perclus par sa longue paresse,
Il lutte, sans vigueur, contre une mer épaisse,
Et nulle brise, hélas ! n’arrive jusqu’à lui,
Démarrer son navire, échoué sur l’ennui.