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Le monde est un bourreau pour le génie altier,
Qui marche avec un front qui ne veut pas plier,
Et ne tend pas la main à l’éloge qui passe.
Le vulgaire envieux, qui rampe sur sa trace,
Aboie après sa gloire, et qu’il réponde ou non,
Lacère son repos pour étouffer son nom.
Renvoyez donc ma vie habiter la nature,
Et mon âme complète, oubliant sa torture,
Reprendra tout-à-coup son généreux niveau ;
L’espoir seul d’y rentrer rajeunit mon cerveau.
Ouvrez, ouvrez la mer, et plus la solitude
S’approchera d’un cœur qu’éteint la servitude,
Plus mes chants délivrés secoûront leur fardeau.
Voyez-vous, enfermé dans son étroit tombeau,
Cet aigle, dépouillé du trône des orages,
Qu’attelait le tonnerre à son char de nuages ?
Le fer a mutilé les ailes de ce roi,
Qui subjuguait la foudre, en en portant l’effroi.