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Ils veulent tous partir : partons sous leur égide,
Et suivons l’hirondelle ou le cygne intrépide,
Dont l’aile redemande au vent oriental
De rapporter son vol à son nid de nopal.

O Maria, partons ! Ma mourante jeunesse
Ne peut plus vivre ici dans un air qui l’oppresse.
Ici je suis captif, et mon cœur mutilé,
Sans qu’un seul cri l’atteste, expire désolé.
Vous qui portez dans l’âme une lyre profonde,
Ne traînez pas ses sons dans les marais du monde ;
Venez tous avec moi, sous des cieux enchantés,
Débarrasser vos yeux du brouillard des cités.
Notre regard s’alonge aussitôt qu’on est libre,
L’âme avec l’infini se sent en équilibre :
La borne de l’esprit recule à l’horizon,
Le vaste du désert passe dans la raison,
Et, comme le condor, l’intelligence ailée,
Reine d’un air sans tache, y plane immaculée.