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Tout ce qui peut te plaire existe là pour nous.
C’est là que nous vivrons, et quand le temps jaloux
Blanchira mes cheveux, et fanera mes heures,
Comme l’automne ici les feuilles que tu pleures,
Pour revoir et bénir notre premier printemps,
Tes lèvres le liront au front de tes enfans.
Oui, c’est là qu’il faut vivre à couvert de l’envie,
Et comme nos regards, nos baisers, notre vie,
Mariant nos travaux, nos talens, nos discours,
Nous n’aurons qu’un bonheur, qui change tous les jours.

Un mot, ma bien-aimée ! et voilà le navire.
Le navire est à l’ancre, et le vent qui soupire,
Déjà, dans ses agrès, se joue en t’attendant,
Sa voilure déjà se tourne à l’occident.
Regarde, Maria, comme la mer limpide
Endort de ses sentiers l’azur souvent perfide !
Vois-tu, pour essayer la route des vaisseaux,
Voltiger en avant cette escadre d’oiseaux ?